Fiesta del Bautismo del Señor A — 12 enero 2020
Isaías 42,1-4.6-7 — Hechos de los Apóstoles 10,34-38 — Mateo 3,13-17
El período de la Navidad llega a su conclusión con la fiesta del Bautismo de Jesús. Esta es también una “fiesta bisagra” que nos introduce en lo que se llama el «tiempo ordinario», del que hoy es el primer domingo. Además, una antigua tradición, conservada en varias iglesias orientales, considera que el Bautismo de Jesús forma parte de su «Epifanía», es decir su manifestación al mundo, junto con la Navidad, la visita de los Magos, y su primer signo en Caná de Galilea (que el rito latino recuerda en el segundo domingo ordinario del año C). El Bautismo de Jesús encierra pues una cantidad enorme de significados. Con la ayuda del evangelio de Mateo voy a comentar dos de ellos.
“Este es mi Hijo, el amado, mi predilecto”. A diferencia del evangelio de Marcos, donde la Voz habla directamente a Jesús, en Mateo habla a todos, a los que estaban cerca de Jesús en el momento de su bautismo, y a nosotros hoy. Se trata pues de una «Epifanía» en la que se proclama quién Jesús de Nazaret es realmente: el Siervo de Dios que un poeta anónimo había previsto cinco siglos antes, durante el exilio en Babilonia, en cuatro magníficos poemas que ahora encontramos en el libro de Isaías. La primera lectura de hoy nos ofrece el primero de esos poemas, que describe el modo de comportarse del Siervo: “La caña cascada no la quebrará, el pábilo vacilante no lo apagara”. Promoverá fielmente el derecho”. ¡Todo un programa! El cuarto poema es probablemente el más conocido, ya que se lee cada Viernes Santo: “Despreciable y desecho de hombres, varón de dolores y sabedor de dolencias… ¡Y con todo eran nuestras dolencias las que él llevaba y nuestros dolores los que soportaba!… Por las fatigas de su alma, verá luz, se saciará. Por su conocimiento justificará mi Siervo a muchos”. De ahí el título de «Siervo sufriente» que damos a este siervo, y también a Jesús de Nazaret. Y dado que el tiempo ordinario que comienza este domingo nos invita a «vivir Jesús» aquí, ahora, en lo «ordinario» de nuestra vida, en la ambigua, a veces emocionante, a menudo atormentada realidad de los hombres, la pregunta que se nos hace es obvia: ¿Somos y estamos realmente actuando como discípulos del «Siervo»? ¿Del «Siervo sufriente?
“Déjalo ahora. Está bien así que cumplamos todo lo que Dios quiere”. En su relato del bautismo de Jesús, Mateo responde a una pregunta que los primeros cristianos se hicieron: ¿Por qué quería Jesús ser bautizado? ¿Qué necesidad tenía él dado que el bautismo de Juan era “un bautismo de conversión para perdón de los pecados”? Este es mi segundo punto. Antes de que Mateo escribiera su evangelio, Pablo ya había respondido a su manera en su segunda carta a los Corintios: “En nombre de Cristo os suplicamos: ¡reconciliaos con Dios! A quien no conoció pecado, le hizo pecado por nosotros, para que viniésemos a ser justicia de Dios en él”. No existe identidad plena sin pertenencia a un pueblo, a su historia, a sus éxitos, a sus debilidades, a sus pecados. Y así es como Jesús de Nazaret se identifica con nosotros, formando parte de nuestra humanidad, incluido nuestro pecado. Su actitud es muy diferente de la nuestra. Es raro que nos identifiquemos plenamente con nuestra familia, nuestra tribu, nuestra nación, o simplemente la humanidad de la que somos parte, y que nos sintamos responsables de todo, bueno y malo, que consigo acarrean. Más bien, rehacemos la historia, escogemos lo que nos conviene o nos parece socialmente aceptable, y atribuimos “a los otros” las debilidades, contradicciones y pecados de nuestra vivencia e historia comunes. Es ésta una de las causas que han llevado a las divisiones en bloques opuestos que encontramos hoy en nuestras sociedades.
Hablando de la responsabilidad de todos los miembros de la comunidad cristiana en el escándalo de la pederastia, Francisco escribió: «No existe identidad plena sin pertenencia a un pueblo. Nadie se salva sólo, como individuo aislado, sino que Dios nos atrae tomando en cuenta la compleja trama de relaciones interpersonales que se establecen en la comunidad humana». Y nosotros, con Mateo, Pablo y, especialmente Jesús de Nazaret, podemos añadir: Nadie peca sólo, como si fuera un individuo aislado. Todos pecamos con él, incluido Jesús de Nazaret. Y por ello responde a Juan Bautista: “Déjalo ahora. Está bien así que cumplamos todo lo que Dios quiere”
Baptême du Seigneur A — 12 janvier 2020
Isaïe 42,1-4.6-7 — Actes des Apôtres 10,34-38 — Matthieu 3,13-17
Le temps de Noël arrive à sa conclusion avec cette fête du Baptême de Jésus. Elle est aussi une fête charnière qui nous introduit dans ce qu’on appelle le « temps ordinaire », dont aujourd’hui est le premier dimanche. En plus, une ancienne tradition conservée dans plusieurs églises orientales considère que le Baptême de Jésus fait partie de son « Epiphanie », c’est-à-dire de sa manifestation au monde, ensemble avec Noël, la visite des Mages et son premier signe à Cana de Galilée (remémoré dans le rite latin le deuxième dimanche ordinaire de l’année C). De cette richesse énorme de significations, je voudrais commenter deux d’entre elles.
« Celui-ci est mon Fils bienaimé, en lui j’ai mis tout mon amour ». Contrairement à l’évangile de Marc où la Voix s’adresse directement à Jésus, chez Matthieu, elle parle à tous, à ceux qui étaient près de Jésus au moment du baptême, et à nous aujourd’hui. Il s’agit donc d’une « Epiphanie » dans laquelle est proclamé ce que Jésus de Nazareth est vraiment : le Serviteur de Dieu qu’un poète anonyme avait prévu cinq siècles auparavant, pendant l’Exil en Babylone, dans quatre magnifiques poèmes que nous trouvons maintenant dans le livre d’Isaïe. La première lecture d’aujourd’hui nous a offert le premier de ces poèmes, qui décrit la manière d’agir du Serviteur : « Il n’écrasera pas le roseau froissé ; il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité ». Tout un programme ! Le quatrième poème est sans doute le plus connu, puisqu’il est lu chaque Vendredi Saint : « Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance… Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé… À la suite de l’épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mos serviteur, justifiera les multitudes ». D’où le titre « Serviteur Souffrant » que nous donnons à ce serviteur, et aussi à Jésus de Nazareth. Et puisque le temps ordinaire qui commence ce dimanche nous invite à « vivre Jésus » ici, maintenant, dans l’« ordinaire » de nos vies, dans la réalité ambigüe, parfois exaltante, souvent tourmentée des hommes, la question qui nous est posée semble évidente : Sommes-nous, agissons-nous vraiment en disciples du « Serviteur » ? Du « Serviteur Souffrant » ?
« Pour le moment, laisse-moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste ». Dans son récit du baptême de Jésus, Matthieu répond à une question que déjà les premiers chrétiens ont posée : Pourquoi Jésus a voulu être baptisé ? Quel besoin en avait-il alors que le baptême de Jean était « un baptême de repentir pour la rémission des péchés ? » C’est mon deuxième point. Avant que Matthieu n’écrive son évangile, Paul avait déjà répondu à sa manière dans sa deuxième lettre aux Corinthiens : « Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu ». Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple, à son histoire, à ses réussites, à ses faiblesses, à ses péchés. Et c’est ainsi que Jésus de Nazareth s’identifie avec nous, fait partie de notre humanité, y compris notre péché. Son attitude est très différente de la nôtre. Il est rare que nous nous identifiions entièrement avec notre famille, notre tribu, notre nation, ou, tout simplement avec l’humanité dont nous faisons partie, au point de nous responsabiliser de tout ce, bon comme mauvais, qu’elles détiennent. Plutôt nous en refaisons l’histoire pour y choisir ce qui nous convient ou qui semble socialement acceptable, attribuant « aux autres » les faiblesses, les contradictions et les péchés de notre histoire et de notre vécu commun. C’est une des causes qui ont amené les divisions en des blocs opposés que nous trouvons aujourd’hui dans toutes nos sociétés. En parlant de la responsabilité de tous les membres de la communauté chrétienne dans le scandale de la pédophilie, François écrivait : « Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine ». Et, avec Matthieu, Paul et, surtout Jésus de Nazareth, nous pouvons ajouter : Personne ne pèche seul, en tant qu’individu isolé. Nous tous péchons avec lui, inclus Jésus de Nazareth. C’est pourquoi il répond à Jean-Baptiste : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste ».