6º domingo A — 16 febrero 2020
Eclesiástico 15,15-20 — 1 Corintios 2,6-10 — Mateo 5,17-37
Dos frases pueden resumir el texto de Mateo que leemos este domingo: “No creáis que he venido a abolir la Ley o a los Profetas: No he venido a abolir, sino a dar plenitud”. “Porque os digo que, si vuestra justicia no es mayor que la de los escribas y fariseos, no entraréis en el Reino de los Cielos”. También dos palabras evocan la enseñanza de Jesús en este texto: “Fariseos” y “justicia”. Estas frases y palabras me han hecho pensar en una realidad muy de actualidad: el fariseísmo de muchos “populistas”, independientemente de que se muevan en la política, en el mundo de la cultura, o en los ambientes religiosos, o que se vean a sí mismos como de “derechas”, de “izquierdas” e incluso de “centro”.
En una sociedad muy clerical, la de Judea en la época de Jesús, los fariseos se identificaban con “el pueblo”: Un pueblo llamado a la santidad de la misma manera que los sacerdotes y levitas (Levítico 19,2: “Sed santos, porque yo, Yahveh, vuestro Dios, soy santo”); Un pueblo que los fariseos defendían contra el autoritarismo y la arrogancia de las autoridades romanas y judías. Así que no debería sorprender que algunos fariseos se sintieran cercanos a Jesús, ni que un fariseo, Gamaliel, miembro del Sanedrín, defendiera a sus discípulos (Hechos 5,34). Sin embargo, estos mismos fariseos tendían a pensar que eran superiores, más rigurosos que otros en la práctica de la Ley: “¡Oh Dios! Te doy gracias porque no soy como los demás hombres” (Lucas 18,11). Y así es como entraron en conflicto con Jesús: “¡Ay de vosotros, escribas y fariseos hipócritas, que cerráis a los hombres el Reino de los Cielos!” (Mt 23, 13). Jesús condena a esos “populistas” cuya ideología extrema los lleva a exigir a la gente lo imposible. “¡Ay de vosotros, escribas y fariseos hipócritas, pues sois semejantes a sepulcros blanqueados, que por fuera parecen bonitos, pero por dentro están llenos de huesos de muertos y de toda inmundicia!” (Mt23, 25). Jesús ataca a esos “populistas” que no practican lo que exigen a los demás. ¡Muy de actualidad! Pero, ¿qué quiere decir Jesús cuando nos pide que nuestra justicia sea mayor que la de los fariseos?
Lo mismo que hoy, en época de Jesús, la palabra “Justicia” evocaba las leyes que debían seguirse para que el comportamiento y las relaciones sociales fueran correctas. “Justicia” se refería también al sistema judicial que debe proporcionar justicia a víctimas y culpables. Pero cuando el Antiguo y el Nuevo Testamento hablan de Dios, a estas dos connotaciones del término «justicia», añaden una tercera: Dios es “justo”, –el único justo en la realidad–, porque es fiel a sus promesas, incluso si nosotros no hemos cumplido las nuestras. Y es así como, aun siendo débiles y culpables, Dios nos justifica porque Él es “justo”. Dios perdona incluso antes de que pidamos perdón. Ezequiel ya lo había proclamado durante el exilio: Dios perdonará a su pueblo y restaurará su amistad con él… y será entonces cuando el pueblo se dará cuenta de la gravedad de las faltas que han cometido (Ezequiel 36,31). Pablo es aún más explícito: “Dios es quien justifica. ¿Quién podrá condenar?” (Romanos 8,33).
6ème dimanche A — 16 février 2020
Ben Sirac 15,15-20 — 1 Corinthiens 2,6-10 — Matthieu 5,17-37
Deux phrases peuvent résumer le texte de Matthieu que nous lisons ce dimanche : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ». « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ». Aussi, deux mots évoquent l’enseignement de Jésus dans ce texte : « pharisiens » et « justice ». Ces phrases et ces mots m’ont fait penser à une réalité très actuelle : le pharisaïsme de bon nombre de « populistes », peu importe qu’ils se trouvent dans la politique, le monde de la culture, ou dans les milieux religieux, ou qu’ils se disent de « droite », de « gauche » ou même de « centre ».
Dans une société très cléricale, celle de la Judée du temps de Jésus, les pharisiens s’identifiaient avec « le peuple » : Un peuple appelé à la sainteté autant que les prêtres et les lévites (Lévitique 19,2 : « Soyez saints, car je suis saint, moi, l’Eternel, votre Dieu ») ; Un peuple que les pharisiens défendaient contre l’autoritarisme et l’arrogance des autorités romaines et juives. Il ne faut pas donc s’étonner si des pharisiens se sont sentis proches de Jésus, et si un pharisien, Gamaliel, membre du Sanhedrin, a défendu ses disciples (Actes 5,34). Pourtant, ces mêmes pharisiens avaient tendance à se croire supérieurs, plus rigoureux que les autres dans la pratique de la Loi : « Ô Dieu ! Je te rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes » (Luc 18,11). Et c’est ainsi qu’ils sont entrés en conflit avec Jésus : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes » (Mt 23,13). Jésus condamne ces « populistes » dont l’idéologie extrême les amène à exiger l’impossible aux gens. « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et d’intempérance ! »(Mt23, 25). Jésus attaque ces « populistes » qui ne pratiquent pas ce qu’ils exigent aux autres. Tout à fait d’actualité ! Mais qu’est-ce que Jésus veut dire quand il nous demande de surpasser la justice des pharisiens ?
De même qu’aujourd’hui, au temps de Jésus le terme « Justice » évoquait les lois qu’il fallait suivre pour que notre comportement et nos relations en société soient correctes. « Justice » évoquait aussi le système judiciaire qui rend justice aux victimes et aux coupables. Mais quand l’Ancien et le Nouveau Testament parlent de Dieu, à ces deux connotations du terme « justice », ils ajoutent une troisième : Dieu est « juste », – le seul juste en réalité–, parce qu’il est fidèle à ses promesses, même si nous n’avons pas maintenu les nôtres. Ainsi, faibles et coupables que nous sommes, Dieu nous justifie parce que Lui est « juste ». Dieu pardonne avant même que nous ne demandions pardon. Ezéchiel l’avait déjà proclamé pendant l’Exil : Dieu pardonnera à son peuple et le rétablira dans son amitié. Et c’est à ce moment-là que le peuple comprendra la lourdeur des fautes qu’ils ont commises (Ezéchiel 36,31). Paul est encore plus explicite : « Dieu est celui qui rend juste. Alors, qui pourra condamner ? » (Romains 8, 33).
Ce comportement du Dieu-Juste qui prend l’initiative et nous justifie gratuitement, est à la base de notre vécu chrétien. Il est en premier lieu la raison de notre espérance et notre optimisme, le « principe et fondement » de notre bien-être profond. Quoi qu’il en soit, Dieu veut notre bonheur, et il est fidèle à ses engagements. Et deuxièmement, cette démarche de Dieu à notre égard nous motive à agir envers notre prochain comme il a agi envers nous : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5,48), nous dit Jésus dans le sermon sur la montagne que nous lisons ces dimanches. C’est seulement quand nous prendrons l’initiative dans le pardon, et que nous respecterons la dignité de l’autre, quelles qu’elles soient ses faiblesses, ses fautes ou son parcours personnel, que notre justice pourra surpasser celles des scribes et des pharisiens.
P. J.Ramón Echeverria Mancho (Padre Blanco)